L’autre soir, j’ai mangé face à un mur sur lequel trônaient 7 horloges. Les amis de mon amoureux, que je rencontrais pour la première fois, avaient organisé une raclette. Alors, entre deux coups de fourchette, et le temps que fonde ma tranche de fromage, j’ai eu tout le loisir d’observer les horloges.
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Elles étaient toutes différentes. Couleurs, tailles, chiffres, motifs… Il n’y en avait pas deux pareilles. Elles étaient toutes accrochées au-dessus du canapé. Et j’ai trouvé ça étrange. A priori, quand on accroche une horloge au mur, c’est pour lire l’heure. Là, une fois qu’on est assis dans le fauteuil, on ne les voit plus. Elles sont donc uniquement là à titre décoratif.
Figées dans le temps !
La seule chose qui m’a plu, c’est que leurs aiguilles avaient été stoppées dans leur course. Aucune d’entre elles ne fonctionnait. J’ai osé demander si c’était fait exprès. Une réflexion sur la vie, le temps qui nous échappe, peut-être ? Mais notre hôte a rigolé : à un moment donné, il y a plusieurs années, il avait juste eu la flemme de changer les piles et c’était tout.
Dommage. Car moi qui ai un drôle de rapport au temps, ça m’a fait réfléchir. Où étions-nous quand elles ont cessé de fonctionner ? Y avait-il du soleil dans nos yeux ? Etions-nous heureux à cet instant ? J’en étais où de ma vie ? Dans quel chapitre de mon histoire ?
Vision d’angoisse…
Ça m’angoisserait, j’avoue, d’avoir autant d’horloges chez moi. Je manque déjà toujours de temps… Et puis, le temps qui s’écoule…, ça évoque la nostalgie des instants envolés à jamais. La mélancolie d’un passé qui s’éloigne beaucoup trop déjà. Une horloge, ça indique le temps présent. Et pourtant, pour moi, ça fait surtout écho au passé perdu.
Mais je dois être une nana trop folle et trop compliquée. Car les autres invités n’y ont vu que des objets de décoration. Qui plaisaient ou non, certes. Mais c’est tout. J’ai donc gardé pour moi le fin fond de ma pensée et ai replongé dans mon fromage. Heureusement, les horloges, c’est aussi parfois seulement dans le ventre !