Ma fille a dessiné dehors à la craie. Des ballons, des soleils, des arcs-en-ciel, des cœurs, des « je t’aime » de poussières roses. Magnifique. Sauf qu’elle a eu l’idée de dessiner tout juste au pied de la porte d’entrée.
Et sur une superficie énorme. Il me faudrait des jambes élastiques pour enjamber tout ça et sortir de chez nous sans marcher dessus. Hélas, mes jambes sont rikikis. Résultat : chaque fois que je sors, j’en mets plein les semelles.
Houba houba hop !
Le beau temps joue contre moi : la fresque colorée reste intacte, de jour en jour. J’ai bien pensé à jeter des seaux d’eau sur les dalles pour faire disparaître toute cette craie, mais… je passerais pour une mère insensible aux démonstrations d’amour de son enfant. Et ça, jamais ! Alors, je fais comme je peux. Et je tente de sautiller sur les morceaux de trottoir restés vierges. Mais bien souvent, je n’y arrive pas tout à fait et je vois alors le sol sombre du hall d’entrée tout rempli de résidus de craie. Si ça ne m’énervait pas autant, je penserais à déposer le brevet pour ces super baskets-pochoirs de cœurs !
Le fait est qu’hier, j’ai profité du temps suspendu du confinement pour feuilleter l’impressionnante pile de revues reçues de ma voisine. Vous savez, ces revues qui pèsent 1kg et demi chacune et qui sont faites de papier glacé pour rendre le tout encore plus chic que chic ! A l’intérieur, des « maisons de charme » plus époustouflantes les unes que les autres. Je m’étais dit que c’était sympa de glaner ci et là des idées déco. Mais, finalement, à quoi bon ?
La déco impossible
Chez nous, l’énorme cheminée en vieilles pierres de France serait cachée par l’étendoir en plastique sur lequel sèche le linge au salon. Les vasques gracieuses pleines de fleurs séchées seraient renversées par le chat dans une de ses courses poursuites. Le lustre aux dix abat-jours grenats ferait l’effet d’un poing dans la gueule dans notre salon trop petit. Le tapis d’orient aux motifs des mille et une nuit serait juste là pour que je me prenne les pieds dedans en servant la compote.
Non. Ces magazines, ce n’est pas la vraie vie. Et ça ne la sera sans doute jamais. Nulle trace de dessins à la craie dans les nombreuses pages. Or, moi, en fait, je les aime bien ces dessins gribouillés au sol : ils signifient qu’on est vivants. Que tout n’est pas parfait mais qu’on a l’essentiel. A bien y réfléchir, les maisons de charme ne sont peut-être pas celles qu’on croit !
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