En rangeant la cave, j’ai mis la main sur quelques vieux miroirs dépareillés et tout mouchetés de petites taches noires. A l’évidence, vu leur état, ils n’auraient plus jamais servi. Alors, plutôt que de les emmener à la déchetterie, j’ai pensé à les utiliser au jardin. Une fin de vie au grand air me semblait sympa !
Aux branches de mon arbre, j’ai déjà, depuis longtemps, accroché quelques CD. Quand le soleil les bombarde de rayons, des arcs-en-ciel apparaissent ci et là sur les murs. C’est un truc de maraîcher, pour protéger les légumes et les plantations des oiseaux. Moi, je l’utilise simplement pour faire joli et les oiseaux doivent le savoir, car ils ne délaissent jamais les branches de mon saule marsault. L’idée d’ajouter des miroirs est donc venue assez naturellement.
On y voit double !
Je n’ai eu aucun mal à trouver une place pour chacun. Comme si le jardin attendait ses bijoux anciens. Je me suis beaucoup amusée du résultat. En choisissant des endroits stratégiques, j’ai ainsi vu certains bosquets de fleurs doubler de volume. Il n’y avait plus un seul hortensia, mais deux. Magie du reflet. La lumière est aussi apparue par ricochets dans des coins plus sombres du jardin.
Un peu de poésie dans ce monde de brutes !
Les miroirs avaient tous un encadrement différent. Ce qui a rajouté de la poésie à l’ensemble. Selon les angles, cela fait comme des tableaux. Des tableaux animés qui bougent au gré du vent et de l’herbe qui pousse. J’ai applaudi des deux mains. En voilà une idée qu’elle était bonne ! Je me suis surprise à penser à Salvador Dali. Bien que la moustache me manque, je me suis sentie aussi inspirée que lui. Mettre de la folie dans la vie, c’est si gai. Je sais pourquoi les peintres surréalistes me plaisent tant !
La patine qui fait vrai !
J’ai hâte que la pluie et les intempéries abîment plus encore les miroirs. Que les saisons grignotent plus encore ces objets. Pour que ça fasse plus authentique. Comme une ode au temps passé. Et pour qu’ils fassent définitivement partie du décor. J’espère que mon chat ne tombera pas en amour de son propre reflet. D’autres avant lui se sont perdus de la sorte. J’ai imaginé des histoires mystérieuses. Des mondes cachés dont la porte était ce reflet changeant. Des couloirs du temps dont le passage était le creux du miroir.
Enfin, ce qui n’est plus ni un rêve, ni un mystère, c’est la réalité de mes mollets rebondis. C’est le seul bémol : les miroirs me renvoient l’image peu flatteuse de mes guibolles à chaque passage dans le jardin. Vu que je les ai posés à terre, ils me chopent en contre plongée et me rajoutent 3 kg à chaque mollet. Et comment vous dire. En prenant l’expression à contre-pied, je vous dirai que ça ne me fait pas franchement une belle jambe !
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