Ma fille adore, quand vient le week-end, jouer à l’esthéticienne et se mettre du vernis sur ses petits ongles rongés. Elle sait où se trouvent mes produits et je la laisse, j’avoue, se peinturlurer les doigts toute seule.
J’estime qu’elle est assez grande désormais pour faire ça sans moi. La seule condition : faire son atelier sur sa petite table à elle uniquement et en utilisant un set de table de protection.
Elle est venue me montrer ses mains. Du bleu, du rose, de l’orange et du pailleté. J’ai applaudi. Très réussi. Mais elle a oublié de me montrer la table, aussi. C’est donc plus tard, bien plus tard, que j’ai déchanté. Sa petite table en bois, je l’avais patiemment peinte et recouverte de bandes de différentes couleurs. Ça m’avait pris du temps : attendre que chaque bande soit sèche pour mettre le collant de protection par-dessus et peindre la suivante. J’avais fait de même avec la petite chaise. Puis j’avais tout verni. Du beau travail.
Garder son calme, acte 1
Là, sur la table, se trouvaient à présent des mouchoirs en papier tout agglutinés au bois. Impossible à décoller. Elle avait renversé le flacon de dissolvant et avait voulu vite, vite, essuyer le liquide rosé. Et comme elle avait eu (je cite) peur que je crie, elle avait préféré ne pas me le dire. Inspirer profondément. Expirer calmement . « Mais non, ma chérie, Maman ne crie jamais quand c’est un accident». Je lui ai souri. Et j’ai gueulé intérieurement.
Misère…
J’ai été chercher une éponge imbibée d’eau très chaude et j’ai commencé à frotter énergiquement. Impossible d’éliminer tous les résidus de mouchoirs. La poisse. La vraie. Le dissolvant avait fait fondre le vernis, formant une sorte de colle dans laquelle le tout fin papier avait été emprisonné. J’ai tant frotté que mon éponge a, elle aussi, laissé des petits bouts de granulés vert foncé dans le vernis. Une réussite. La surface restait collante, même après le séchage.
Pas d’autre choix que de sortir le papier de verre et de poncer le tout. J’ai vu mon joli travail disparaître sous le ponçage. Le dissolvant avait tout rongé, tout dissout. Bye-bye les rainures colorées. Au milieu de la table, il ne restait plus qu’une grosse tâche entre le blanc cassé et le caca d’oie. Ma fille m’a rassurée : le vieux, l’affreux set de table n’avait rien, lui. Quelle chance !
Morale de l’histoire…
Après avoir effectué quelques recherches sur internet, j’ai été soulagée qu’elle n’ait pas renversé le flacon sur le tapis, le fauteuil, la télécommande de la télé ou sur tout autre objet se trouvant à proximité de sa table de travail. C’est dit partout : le dissolvant laisse des traces indélébiles et il n’y a généralement pas grand-chose à faire pour sauver la situation. Réjouissons-nous, donc. Et puis, ça nous fait une activité toute trouvée pour le week-end. Peinture, nous revoilà. Quant au dissolvant, ce ne sera plus jamais sans Maman…
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