On est partis passer un moment ailleurs avec l’amoureux. Sans notre marmaille joyeuse. Juste à deux. On s’était réservé une chambre dans une ferme château. J’adore ces deux mots. Du rustique. Et du charme. De l’authentique. Et de l’élégant.
Chaque recoin de notre chambre méritait une exclamation d’admiration. Mais ce qui nous a le plus épatés, c’était la baignoire. Elle avait été placée dans l’âtre. Dans l’énorme cheminée de pierre qui avait dû jadis accueillir des flambées folles. Le bain était glissé sous les volutes de pierre, contre le mur du fond. C’est vous dire la largeur de la cheminée ! Si beau, ce bain blanc dans cet écrin gris. Et si gai, cette contradiction entre l’eau chaude et le mur froid.
C’est ainsi que nous avons pataugé dans la mousse parfumée à l’endroit exact où les flammes léchaient autrefois l’immense marmite de bouillon. J’aime penser à ces « espaces temps » qui se chevauchent. Pour un peu, le jarret de porc qui marinait, c’était nous. Et quel jarret ! Et on était tous les deux, là, tranquilles dans la baignoire. Odeur de romarin. Manquait plus que le sel, le poivre et le bouquet garni pour qu’on soit à point.
Un pommeau de douche qui tue le charme…
L’amoureux s’est pris de passion pour le pommeau de douche. C’est que, voyez-vous, nous n’avons jamais su l’actionner. La vérité : je n’en avais rien à cirer. J’ai essayé : ça n’allait pas. Basta. Mais l’amoureux a voulu s’acharner. Il ne sortirait pas du bain tant qu’il n’avait pas levé le mystère sur le fonctionnement du fameux pommeau argenté. C’est ainsi que j’ai perdu la bataille. Pommeau de douche-Mila : 1/0. Incroyable mais vrai. Soupirs.
Si j’aime glaner ci et là des idées à reproduire chez moi, il est évident que celle-ci ne trouvera sans doute pas d’écho dans notre vie : à moins de gagner au Lotto, nous n’aurons jamais de cheminée pareille dans notre chez nous. Et ce qui est certain, je vous le dis, c’est que nous n’aurons pas le même pommeau non plus ! Il y va de mon ego !