Le Kintsugi, vous connaissez ? Un sushi au goût relevé ? Pas du tout ! Une prise de karaté ? Que nenni ! Il s’agit d’une technique ancestrale japonaise qui consiste à réparer un objet en le sublimant. On souligne sa fragilité et ses lignes de faille avec de la véritable poudre d’or. Une jolie idée, n’est-ce pas ?
Littéralement, le mot signifie d’ailleurs « jointure d’or ». Pour que ce raccommodage à l’or soit parfaitement réalisé, il faut des semaines, des mois… Mais vous me connaissez désormais : la patience et moi, ça fait deux.
Logiquement, j’aurais dû attendre qu’un vase dégringole de l’armoire pour tester la technique. Mais, moi qui casse tout le temps des trucs, comme par hasard, depuis que j’ai envie de tester le kintsugi, je n’ai plus rien laissé tomber.
Exploser de la vaisselle, c’est libérateur !
Alors, on a pris un grand plat en porcelaine que j’essaye de refourguer en brocante depuis des lustres, et on l’a délibérément laissé choir. Cette étape a été très amusante : les enfants étaient même déçus qu’on s’arrête à cette unique casse. J’avoue : il y a quelque chose de libérateur dans le fait d’exploser la vaisselle.
L’étape réparation
On a rassemblé les 6 morceaux : nets et propres. On avait bien fait ça. On a reconstitué le puzzle pour réparer. La technique demande d’utiliser une laque comme liant mais j’ai plutôt dégainé ma colle Epoxy. Pas la peine de dépenser des sous pour un essai.
Pour les petits trous…
Il faut dire que cette laque spéciale (Urushi) est surtout nécessaire et idéale quand un morceau manque à l’objet. Vous la mélangez avec de la poudre de roche (Tonoko) et comblez les vides. Mais ce n’était pas notre cas : le plat était parfaitement reconstituable. Les plus motivés peuvent même tenter de réparer l’objet de façon originale en choisissant une pièce qui provient d’un autre objet. Dingue !
On a patienté le temps que la prise soit totale. La technique, quand elle est réalisée avec les produits conseillés, demande de patienter entre 7 et 14 jours afin que la laque durcisse tranquillement. Ma colle a fait le travail en bien moins de temps que ça. On a poncé gentiment les surplus d’Epoxy : les cicatrices étaient bien bien là.
On a alors appliqué une très fine couche de laque noire sur les zébrures et on a fait pareil le lendemain avec une laque rouge. A l’aide d’un pinceau tout fin, on a badigeonné des paillettes dorées tout le long des réparations. Erreur. De la peinture dorée eut été un choix plus judicieux. Sur notre plat rafistolé, on aurait dit que la Fée Clochette était venue éternuer.
On a zappé toutes les étapes qui permettent de stabiliser la poudre d’or 22 carats, de le polir et de le faire étinceler. Nos paillettes n’en avaient pas besoin. Et puis, on a la sagesse d’un maître japonais, ou pas.
Au final, l’objet est censé être sublimé, magnifié dans sa fragilité !
Il est censé être devenu une œuvre d’art émouvante. Et j’aime l’idée de cette résilience. Mais, en ce qui concerne notre réalisation, on ne pouvait pas réellement parler d’embellissement.
Mon fils a précisé que, désormais, il se vendrait encore moins bien en brocante. Ma fille a proposé qu’on le mette devant la porte, à donner. Moi, j’envisageais la déchetterie, carrément. Mais que notre manque de talent ne vous refroidisse pas : essayez ! Avec plus de patience, de perfectionnisme et surtout, avec le bon matos. Vous trouverez même des kits sur internet !