La pyrogravure, vous connaissez ? Pour moi, le mot évoque un jeu que j’avais reçu enfant. A Saint-Nicolas. Je m’en souviens comme si c’était hier. Quelques planches à pain, deux ronds de serviette, une latte et un coquetier en bois blond, rangés dans une grande boîte rouge et bleue. Et le pyrograveur, bien sûr. Sorte de grand stylo noir qui allait enjoliver les objets de dessins incroyables.
Enfin, ça, c’était la théorie. Parce qu’en pratique, je ne suis parvenue à rien. Parfois, je restais trop longtemps sur place, brûlant littéralement le bois tendre. Parfois, je dérapais, sans possibilité aucune de revenir en arrière.
J’en garde un souvenir peu heureux : moi qui aime obtenir « un vrai résultat », cela m’avait plus énervée qu’autre chose. Mes tentatives de pyrogravure se sont arrêtées là. Et, jusqu’à la semaine passée, je ne pensais plus jamais être intéressée par la chose. Mais il ne faut jamais dire jamais…
Je suis tombée en pamoison (oui ! vraiment !) devant le travail d’une inconnue. Son idée ? Réaliser une palissade avec quelques vieilles palettes sur lesquelles elle a gravé des motifs végétaux au pyrograveur. Et il semble qu’elle ait procédé plus intelligemment que moi à l’époque.
Ainsi, les dessins ont d’abord été réalisés au crayon ordinaire. Certaines parties au pochoir ; d’autres à main levée. Cela permet en effet déjà d’avoir une idée d’ensemble et de pouvoir rectifier les ratés.
Ensuite, le choix des motifs de fleurs me semble intelligent pour démarrer la technique : si le pyrograveur dérape, on peut toujours improviser une feuille, un pétale ou une tige de plus. Cela laisse un champ de possibles rassurant.
Enfin, elle dit avoir travaillé à la verticale, càd en utilisant la palette comme un chevalet. Je pense que cela permet plus de légèreté dans l’utilisation du stylet. Lorsque l’on est sur un support plane, on a tendance à laisser le pyrograveur s’enfoncer plus fort dans le bois. A appuyer un peu plus, sûrement.
Tenir le pyrograveur comme un pinceau permet au contraire de créer des nuances « de brûlé » plus ou moins foncées, de tracer des traits plus légers par endroits et plus épais à d’autres. Certains espaces peuvent même être « coloriés » (comprenez « remplis »), comme l’intérieur d’une branche ou le ventre d’un oiseau.
Finesse, raffinement, élégance et poésie sont alors au rendez-vous !
Pour que le travail reste joli dans le temps, et que les palettes résistent aux intempéries, il faut évidemment traiter le bois avec une huile de protection.
Moi, je pense réitérer l’expérience. Mon idée ? Oser peut-être graver une tête de lit. Ou une porte de la maison. Ou l’un ou l’autre tiroir d’une commode. Si j’ai toujours 10 ans dans le cœur, j’en ai désormais un peu plus dans la tête : cette fois, du pyrograveur et moi, ce sera moi le boss !