Bâtiment emblématique du panorama bruxellois, le palais de justice de Bruxelles a une histoire riche en rebondissements.
Au milieu du XIXe siècle, la Belgique, indépendante depuis 1830, ressent le besoin de construire un palais de justice digne du rôle incarné par sa capitale, Bruxelles. Le bâtiment précédent, utilisé pour les affaires judiciaires, était devenu trop petit et inadapté pour les besoins croissants de la principale ville du jeune royaume.
Le site retenu pour ériger le nouveau palais se trouve sur la colline de Galgenberg (colline de la potence), un lieu historiquement associé à la justice puisqu’il servait autrefois pour les exécutions publiques. En 1860, un concours d’architecture est lancé pour concevoir le bâtiment. Ce concours ne donne néanmoins pas de résultats satisfaisants. Le projet est alors finalement confié à Joseph Poelaert, qui jouissait d’une excellente réputation à l’époque. Le célèbre architecte bruxellois imagine un bâtiment titanesque de style éclectique, mêlant les influences classiques, baroques et néo-renaissance. De quoi symboliser et matérialiser la puissance et la grandeur de la justice belge.
Les travaux de construction débutent en 1866. Ceux-ci vont s’étendre sur près de 20 ans et mobiliser des milliers d’ouvriers. Le bâtiment est achevé en 1883, quatre ans après la mort de Poelaert, qui ne verra jamais son œuvre monumentale terminée.
Un géant de pierre
L’axe longitudinal et l’axe transversal du bâtiment mesurent respectivement 160 et 150 m. La superficie totale nette atteint environ 81.000 m2 (environ 110.000 m2 bruts) avec les huit cours intérieures. Avec une telle surface, le palais de justice de Bruxelles était à l’époque de son inauguration l’un des plus grands bâtiments du monde. Pour l’anecdote, le palais de justice bruxellois a fait l’objet d’une copie plus modeste à Lima, la capitale du Pérou.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, le palais subit des dommages importants lorsque les troupes allemandes en retraite incendient sa coupole. Le bâtiment est restauré dans les années qui suivent, mais la coupole est légèrement rehaussée lors de la reconstruction, pour une silhouette plus harmonieuse et mieux proportionnée.
Au fil des décennies qui suivent, le palais de justice souffre de divers problèmes structurels en raison de son âge et de son immense taille. Des travaux de rénovation sont régulièrement nécessaires, tandis qu’au tournant du millénaire, des discussions ont lieu concernant le réaménagement des lieux, notamment en raison de la difficulté à utiliser un bâtiment aussi vaste et complexe pour les besoins judiciaires modernes.
Classé “monument protégé” depuis le 3 mai 2001, il est décidé en octobre 2023 de lancer un vaste chantier de restauration du palais, et ce après 40 ans d’immobilisme ! Le célèbre échafaudage qui tapisse l’édifice sera progressivement retiré une fois les façades réparées et nettoyées. Un projet tout aussi titanesque que le palais, qui va s’étaler au moins jusqu’en 2030.