Le surendettement augmente la fragilité des ménages et l’évolution en la matière devient de plus en plus inquiétante, rapporte l’ASBL Financité. Quelles conséquences pour le marché immobilier ? On vous dit tout !

Le Rapport sur l’Inclusion Financière 2025 révèle une tendance préoccupante : les dettes ne sont plus toujours le résultat de mauvaises décisions, mais souvent le signe d’un déséquilibre structurel que les dispositifs actuels peinent à absorber. Et une population financièrement affaiblie, c’est un marché immobilier qui devient mécaniquement plus vulnérable.
Le profil type du surendetté
En 2024, la personne ayant sollicité un service de médiation de dettes en Wallonie correspond souvent au même portrait :
- une personne seule,
- environ 46 ans,
- locataire,
- avec un revenu moyen de 1.765 euros,
- et un niveau d’instruction limité au secondaire inférieur.
Plus d’un ménage sur deux cumule dettes de crédit et dettes de la vie courante : énergie, fiscalité, télécommunications, soins de santé… Bref, tout ce qui conditionne le maintien dans un logement. Hors, un ménage en difficulté de paiement de son énergie ou de son loyer, est généralement un ménage incapable d’envisager un projet immobilier ! Et parfois même d’y rester…
Moins de nouveaux dossiers… mais pas moins de difficultés
Depuis 2013, le nombre de nouvelles demandes de règlement collectif de dettes (RCD) avait baissé, passant de 17.678 à 8.771 en 2022, avec une légère remontée en 2023. Le rapport note que les services de médiation doivent désormais traiter « une prédominance de situations d’insuffisance financière structurelle », pour lesquelles aucun plan raisonnable ne peut être construit. Autrement dit : les revenus ne couvrent plus les dépenses. Même un plan de remboursement optimisé ne résout rien !
Quand le surendettement fragilise l’accès au logement
Le lien entre surendettement et immobilier est direct, et multiple :
1. Impossibilité d’accéder au crédit
Les ménages en défaut, même ancien, sont systématiquement écartés du crédit hypothécaire. Ils restent locataires, souvent dans des zones moins chères… où la pression sur l’offre est déjà forte.
2. Difficultés à maintenir un logement
Les dettes de vie courante (énergie, eau, soins) signalent une incapacité à absorber les dépenses incompressibles d’un logement. Dans les cas extrêmes, cela mène à des situations d’impayés de loyer ou à la nécessité de déménager vers des logements moins chers, voire inadaptés.
3. Poids sur les politiques publiques du logement
Les ménages surendettés se retrouvent souvent en demande prioritaire de logements sociaux, un secteur déjà saturé dans la plupart des régions.
Une industrie de la dette qui aggrave les situations
Le rapport pointe également un phénomène inquiétant : certaines pratiques d’huissiers, comme des « facturations indécentes », aggravent les dettes au lieu de les résoudre. Chaque frais supplémentaire éloigne un peu plus les ménages de toute stabilité financière, et donc de toute perspective immobilière.
Des solutions urgentes mais encore absentes
Le rapport recommande plusieurs pistes :
- mettre en place une collecte de données sur les ménages surendettés,
- revoir entièrement les dispositifs actuels de traitement,
- mieux faire connaître la médiation amiable,
- instaurer une procédure d’annulation de dettes inspirée de la France (rétablissement personnel),
- lutter contre les abus de certaines études d’huissiers.
Mais le rapport note avec regret que « le programme du nouveau gouvernement fédéral […] montre une approche conservatrice » et ne prévoit aucune réforme majeure.