L’invasion russe en Ukraine a engendré une série de conséquences économiques : on vous a bien sûr parlé des prix de l’énergie, mais quid des prix de l’immobilier et notamment de l’immobilier de luxe, sachant que les oligarques ne sont plus les bienvenus ?
De nombreux biens de luxe, dont une grande partie de biens immobiliers, ont été confisqués au Sud de la France, en Italie et même aux Etats-Unis. Quelles sont les conséquences sur le marché immobilier et plus spécifiquement, sur le marché du luxe ? Nos confrères de BFM TV ont interviewé Alexander Kraft, le charismatique patron de Sotheby’s Realty France et Monaco.
Alexander Kraft rappelle toutefois que le marché a déjà été « nettoyé » une première fois : « depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, il y a déjà des sanctions pour une grande partie des Russes qui étaient proches du Kremlin. De nombreux acheteurs russes ont donc disparu du marché et ceux qui achètent depuis 2014 sont plutôt les Russes ‘clean’ qui sont loin du Kremlin et qui sont installés à Genève, Londres ou Paris. » De plus, Alexander Kraft précise que « depuis 2 ans, il y a zéro pourcent d’acheteur russe. » Les effets immédiats de ces sanctions sur le marché de l’immobilier seront donc probablement très limités.
Quels étaient les biens visés par les Russes ?
« Entre les années 90 et 2014, c’était la folie avec les acheteurs russes qui sont venus en force et qui ont joué au monopoly immobilier en France et dans le monde entier. C’était le concours entre les Oligarques et à qui avait la plus grande propriété. […] Tout ceci a fait flamber les prix sur certains marchés. […] En 2014, cette partie très haut de gamme du marché [de plus de 30 millions d’euros] fut stoppée. Je pense notamment à Courchevel où la clientèle hyper haut de gamme était russe à près de 80% ! Tous ces clients ont disparu d’un jour à l’autre ! D’autres acheteurs de l’est sont venus mais cela a fait effondrer certains marchés », précise Alexander Kraft. Notez que manifestement, les acheteurs russes achètent leurs biens proches les uns des autres et de préférence, à proximité d’une… église orthodoxe. « Pour moi, c’est une bonne chose car cela fait un marché beaucoup plus sain », estime Alexander Kraft.
Avec la plongée des indices européens, les investisseurs vont-ils délaisser l’Europe pour d’autres contrées ? Alexandre Kraft se veut rassurant : « on constate plutôt le contraire et les Américains semblent prendre le relais des Russes potentiels. » Le CEO de Sotheby’s Realty pointe aussi les taux bas comme excellent incitant pour stimuler le marché, ainsi que l’euro faible. « L’immobilier de prestige résiste normalement un peu mieux que les autres investissements car il s’agit d’une valeur refuge traditionnelle ».