Les mesures prises à Bruxelles et en Flandre pour interdire progressivement les chaudières au gaz signent-elles la fin de ces appareils ? Ce type de chaudière reste-t-il un choix économique et durable ?
Pour répondre à ses engagements liés au climat et à la qualité de l’air, la Région bruxelloise interdit progressivement l’installation de chaudières à combustible fossile, dont celles fonctionnant au gaz. Actuellement, l’installation d’appareil de chauffage au charbon n’est plus permise, ainsi que l’installation de chaudières et de chauffe-eau au gaz équipés de brûleurs atmosphériques sur des cheminées individuelles. Dès le 1er juin 2025, l’installation de chaudières alimentées par un combustible liquide comme le mazout sera également interdite en Région bruxelloise. L’utilisation d’installations existantes est, pour l’instant, toujours autorisée.
En Flandre aussi !
La Flandre, elle, a aussi adopté de nouvelles mesures pour renforcer sa politique climatique, à savoir réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030, au lieu de 35 % jusqu’à présent. Une décision qui va bien entendu avoir un impact sur le logement. Pour les rénovations, dès l’année prochaine, si vous achetez une maison énergivore (label PEB E), vous aurez 5 ans pour effectuer des travaux, visant à améliorer la performance énergétique du bâtiment (et atteindre le label PEB D). Par exemple, en réalisant des travaux d’isolation ou en misant sur une installation photovoltaïque. Pour vous aider, vous aurez accès à des primes et des prêts sans intérêt, allant jusqu’à 20.000 €.
Pour les logements neufs, ici aussi dès 2023, toute nouvelle construction devra être chauffée par des pompes à chaleur hybrides, c’est-à-dire des systèmes qui fonctionnent en partie au gaz naturel et en partie à l’électricité. Trois ans plus tard, en 2026, aucun raccordement au gaz naturel ne sera plus possible pour les bâtiments neufs !
Et en Wallonie ?
En Wallonie enfin, d’ici 2030, la Région entend signer la fin définitive des chaudières au mazout. En sachant que plus de 50 % des ménages wallons se chauffent encore avec ce combustible, la transition vers d’autres systèmes de chauffage est envisagée avec prudence, le temps d’octroyer de nouvelles primes et aides, et également de mettre en place les conditions requises à ce changement. Les chaudières au gaz elles, ne sont, pour l’heure, pas menacées.
Le gaz a-t-il encore de l’avenir ?
Dans ce contexte qui mêle une législation de plus en plus stricte et un prix du gaz qui explose, il est légitime de se demander si le gaz est une solution d’avenir. Différents critères doivent être pris en compte pour répondre à cette question :
- Le prix du gaz qui connaît des sommets est en augmentation à cause de la conjoncture actuelle, et principalement du conflit russo-ukrainien. Il devrait néanmoins revenir à la normale une fois la situation stabilisée.
- Pour qu’une nouvelle installation, comme une pompe à chaleur, soit avantageuse, il faut que votre chaudière actuelle soit ancienne et pèche par un mauvais rendement. Si vous possédez un appareil récent, inutile d’investir dans une nouvelle installation.
- Enfin, dans la majorité des cas et à l’exception des nouvelles constructions, remplacer une ancienne chaudière au gaz par un autre appareil fonctionnant aussi au gaz mais bénéficiant d’un meilleur rendement est toujours autorisé et demeure la solution la plus avantageuse d’un point de vue économique.
Les trois régions entendent bien accompagner le citoyen dans ces changements qui ne se feront pas du jour au lendemain. Le gaz n’est donc pas, à ce stade, menacé. En outre, il existe aujourd’hui des gaz d’origine renouvelable (souvent appelés “gaz verts”), qui s’implantent petit à petit dans le réseau de distribution existant. Bien qu’actuellement les chaudières utilisent principalement du gaz fossile, les propriétés de cette énergie font qu’il est possible de l’obtenir à partir de différents composés.
Le gaz renouvelable permet ainsi de disposer des atouts du chauffage au gaz, avec un bilan carbone neutre. C’est le cas du biométhane, de l’hydrogène ou encore du procédé Power to Gas qui permet de transformer l’excès d’hydrogène obtenu par les énergies renouvelables, comme les éoliennes, initialement pour produire de l’électricité, en gaz. En le combinant à du dioxyde de carbone, ce procédé permet d’obtenir du méthane, exploitable pour le réseau de gaz.