Énergie : voici pourquoi l’hiver 2023 risque d’être bien pire que l’hiver 2022

Nos collègues du prestigieux magazine Time annonce un hiver 2023 qui risque d’être bien pire que celui qu’on s’apprête à affronter. Voici pourquoi.

Jonathan Francisca

Si certains qualifieront Suriya Jayanti d’oiseau de mauvais augure, force est de constater que cette experte en énergie dresse une analyse circonstanciée du contexte énergétique actuel et à venir dans les colonnes du magazine américain Time. Selon elle, si la crise énergétique représente déjà un problème cet hiver, celui de 2023 pourrait être… catastrophique. Voici pourquoi.

Conjonctions de facteurs aggravants

Les prédictions de Suriya Jayanti se fondent sur différents éléments, à commencer par le fait qu’il est très probable que la Chine, plus gros consommateur d’énergie sur la planète, sorte de sa léthargie post-pandémie. Le jour où ce sera le cas, le marché mondial de l’énergie sera sans aucun doute bouleversé.

Deuxième élément : il y a de fortes chances pour que Vladimir Poutine poursuive le blocus énergétique vis-à-vis de l’Europe afin de générer de l’inflation et, in fine, provoquer une agitation sociale à même de perturber voire de renverser certains gouvernements. Par contre, si Poutine est évincé du pouvoir, il laissera son pays dans une situation d’instabilité économique et politique telle que la Russie ne sera plus à même d’être le principal fournisseur d’énergie dans le monde, ni en 2023, ni durant les prochaines années.

Une Europe trop dépendante

Ces éléments pris en compte nous rappellent que lorsque l’Europe sortira de cet hiver, elle aura épuisé ses réserves de carburant et rencontrera beaucoup plus de difficultés pour les reconstituer. En effet, plus de 40 % du gaz stocké dans nos pays pour cet hiver provenait de Russie, malgré les sanctions. En 2023 et dans les années qui viennent, le Vieux Continent devra trouver de nouveaux fournisseurs d’énergie, ce qui le mettra en concurrence directe avec d’autres nations et entraînera par conséquent une inévitable surenchère, qui débouchera sur une hausse généralisée des prix.

Et si l’Europe pense pouvoir compter sur le gaz naturel liquéfié (GNL) américain, elle se met le doigt dans l’œil. En effet, la production américaine existante de GNL est d’ores et déjà largement épuisée, d’autant que les infrastructures de production sont inadaptées. La capacité des gazoducs est insuffisante pour acheminer le gaz vers les terminaux existants et aucun nouveau terminal ne sera construit avant au moins deux ans.

Bref, l’année prochaine, il risque bien d’y avoir une pénurie de GNL américain ou qatari, mais aussi de gaz azerbaïdjanais, kenyan ou encore algérien. Pas de quoi compenser l’absence d’importations de gaz en provenance de Russie.

Et quid des énergies renouvelables ?

Sur ce sujet aussi, il n’y a pas de quoi se réjouir. Car si les parcs éoliens et solaires peuvent être construits rapidement et à moindre coût, ils ne peuvent pas être utilisés pour alimenter le chauffage à grande échelle, la plupart des ménages n’étant pas équipés de chauffages électriques ou de pompes à chaleur. Et le nucléaire nous direz-vous ? Eh bien ce n’est pas non plus une solution sachant qu’il faut 5 à 10 ans pour obtenir une licence et construire une nouvelle centrale…

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