Les propriétaires wallons de panneaux photovoltaïques ont de quoi être furieux ! En effet, lorsque le soleil brille de mille feux, le réseau wallon semble saturer en de nombreux endroits, par la faute d’une production trop importante ! Pour le producteur, c’est la – grosse – douche froide.
C’est l’ASBL Beprosumer qui a lancé l’alerte : la Wallonie compte aujourd’hui 230.000 installations photovoltaïques de particuliers. Un nombre qui a explosé ces dernières années, notamment lors de la pandémie et de la crise énergétique qui a suivi la guerre en Ukraine. Résultat : en de nombreux endroits, lorsque le soleil brille de mille feux, la production est trop importante pour le réseau qui ne sait la digérer.
« Une importante hausse de la tension sur le réseau de distribution d’électricité au-delà de 253V durant 10 min ou l’atteinte de pics à 264V entraine le « décrochage » des onduleurs et donc leur éventuel redémarrage ou encore, pire, leur mise à l’arrêt pour des dizaines de minutes voire des heures», rapporte l’ASBL. Résultat : pendant ce temps d’attente, le particulier ne produit donc pas d’électricité. Ce qui signifie donc qu’il paye l’électricité qu’il consomme pendant ces heures d’ensoleillement… Donc non seulement ne profite-t-il pas de son compteur « qui tourne à l’envers », mais en plus, il doit s’affranchir de la chère et vilaine taxe prosumer qui tombe chaque année sur le dos. Voici un beau moyen de promouvoir l’électricité verte !
L’Asbl beprosumer rappelle en effet que « les propriétaires de panneaux photovoltaïques payent un tarif « prosumer » qualifié par le gouvernement et le régulateur wallon de l’énergie « d’équitable pour l’utilisation du réseau » et qu’ils sont donc en droit d’attendre un service de qualité avec un financement et une anticipation correcte des besoins de ce dernier permettant aux particuliers de jouir pleinement de leur installation de panneaux photovoltaïque. »
Hors, c’est loin d’être le cas. Dans une interview à la RTBF, Jean-Michel Brébant, porte-parole d’Ores, gestionnaire de 75% du réseau en Wallonie, précise que les pics de production des panneaux photovoltaïques ne sont qu’une « partie de l’équation. » « Nous devons aussi faire face à l’électrification galopante des besoins, avec le boom des voitures électriques et des pompes à chaleur. La demande en électricité est et sera exponentielle. », rapporte-t-il.
Le sous-financement est réel.
L’ASBL Beprosumer avait déjà lancé de nombreuses alertes à ce sujet et pourtant, force est de constater qu’on est loin du compte. En effet, le problème empire rapidement et pour le résoudre, il faudrait investir 4 milliards dans les 15 prochaines années. Hors, le budget prévu n’est que de 3 milliards. Inutile d’avoir fait math’ sup’ pour comprendre qu’en prônant l’électrification du parc automobile, l’installation de panneaux photovoltaïques pour un meilleur PEB et l’installation de pompes à chaleur, le gouvernement wallon se tire une balle dans le pied.
Dernière mauvaise nouvelle pour les particuliers : ce budget sera sans doute en partie financé par une facture plus salée. Et à cela, Ores rappelle aussi que la meilleure solution consiste à « mieux consommer ». A savoir « consommer en temps réel, au moment où la production est la plus forte ». A savoir, quand l’onduleur aura probablement rendu les armes et que vous paierez votre électricité plein pot. Génial. Bravo la Wallonie.
Et dans le reste du pays ?
La situation n’est guère meilleure dans les deux autres régions du pays : en Flandre, la nouvelle tarification de l’électricité a chamboulé la donne. Concrètement, les consommateurs ne paient plus vraiment ce qu’ils ont consommé, mais plutôt comment ils ont consommé ! Cette mesure est censée soulager le réseau électrique mais elle peut sembler injuste pour une partie de la population, absente de leur domicile durant les pics de production… Alors oui, bien sûr, on dira dès lors qu’il s’agira de programmer ses machines en conséquence, pour les faire tourner en pleine journée, lorsque le soleil brille. Cela signifie-t-il qu’il convient de se chauffer à la bougie le soir, alors que les pompes à chaleur sont encouragées ? Et quid pour la recharge des véhicules électriques ?