Depuis la fin de l’année dernière, trois fournisseurs d’énergie appliquent une surcharge aux prosumers wallons. Ou comment surfer sur la vague de la transition énergétique pour plumer le citoyen…
Erik KaritsPour une installation photovoltaïque moyenne, cela représente à peu près 300 € par an et jusqu’à 600 € pour les plus importantes. De quoi faire enrager, à juste titre, les propriétaires de panneaux solaires !
Le dossier photovoltaïque wallon n’a pas fini de faire couler de l’encre. Dernier “pépin” en date pour les propriétaires de panneaux solaires, après l’apparition du “tarif prosumer” : une surcharge appliquée aux prosumers wallons par les fournisseurs TotalEnergies, Octa+ et Mega. Des décisions malvenues à l’heure où l’on demande au citoyen de participer à l’accélération de la transition énergétique. S’ajoute à cela un réseau électrique qui n’est pas à même d’absorber la production d’électricité générée par les particuliers. De quoi dégoûter les citoyens du sud du pays !
Discrimination
La surcharge appliquée par les trois fournisseurs précités pose question à plus d’un titre. En effet, elle ne s’applique pas à tout le monde (chez TotalEnergies cela ne concerne pas exemple que les nouveaux clients). De quoi créer une double discrimination : entre prosumers d’une part (les anciens et les nouveaux clients), et entre les prosumers et les autres d’autre part. Pour une série de services similaires, deux clients ne vont donc pas payer la même chose. Et ce n’est pas normal. Du côté des fournisseurs concernés par cette surcharge, on parle de “frais d’équilibrage et de tensions sur les marchés”. Mais rien de bien convaincant.
Du côté des pouvoirs publics, silence radio. Ce qui est déplorable sachant qu’on encourage les Wallons à installer des panneaux photovoltaïques et qu’il faut désormais privilégier le renouvelable, tout en s’affranchissant du gaz et du pétrole.
Pire : depuis le 1er octobre 2020, un tarif prosumer est entré en vigueur. Si, officiellement, il ne s’agit pas d’une taxe, on parle tout de même d’un tarif spécifique visant à rémunérer l’utilisation des réseaux de transport et de distribution de l’électricité. Auparavant, le coût de ces réseaux était supporté uniquement par les consommateurs sans panneaux et les prosumers qui consommaient plus d’électricité qu’ils n’en produisaient. Et les autorités wallonnes de justifier ce tarif par le fait que, grâce à lui, “les prosumers participent aussi aux frais du réseau lorsqu’ils consomment de l’électricité à un moment différent de celui où leur installation en produit. Cela devrait permettre de diminuer le coût du kWh pour la majorité des consommateurs”.
Un réseau en rade
Et comme si cela ne suffisait pas, le sud du pays doit aussi composer avec un réseau électrique vieillissant qui n’est pas à même d’absorber la surproduction électrique. Conçu avant tout pour diffuser l’électricité vers le réseau à partir d’une centrale, en flux tendu et en répondant à la demande, le réseau actuel doit désormais composer avec l’arrivée de producteurs d’énergie diffus, comme les panneaux photovoltaïques installés un peu partout, ce qui impose une adaptation du réseau pour intégrer les injections d’électricité sur ce dernier.
Et qui dit adaptation dit investissements. Et ceux-ci s’annoncent colossaux ! Il faut en effet renforcer les lignes existantes et installer des batteries. Sans cela, les Wallons continueront à voir leurs panneaux solaires “à l’arrêt”, le réseau étant incapable de digérer l’électricité qu’ils produisent. Une situation ubuesque à une époque où l’on a plus que jamais besoin d’énergie produite localement !