La majorité des grandes villes européennes font face à une crise du logement qui, mois après mois, gagne en importance. L’équation est la suivante : les loyers grimpent et l’offre en logements abordables se raréfie. Une situation qui est aggravée par des acteurs comme AirBnB.
La plateforme américaine AirBnB qui, pour rappel, permet à des particuliers de mettre une chambre ou un logement en location, principalement pour du court-terme, n’a de cesse de grandir et de conquérir le monde. Une offre qui séduit de nombreux voyageurs qui désertent donc les hôtels. Mais ce n’est pas tout, ce “réflexe” désormais adopté par de nombreux touristes encourage aussi bon nombre de propriétaires à préférer la mise en location via AirBnB plutôt que sur le marché locatif traditionnel. Résultat des courses : les prix des loyers flambent et l’offre en logement se raréfie. Un phénomène qu’Hugo Périlleux, chercheur à l’Université libre de Bruxelles, a attentivement étudié.
Dans la capitale belge, ce dernier a constaté que, de manière générale, la présence d’AirBnB aggrave la crise du logement. En effet, les locations à vocation touristique se multiplient au détriment des occupations résidentielles classiques. Et si entre 2.500 et 4.000 logements sont concernés à Bruxelles, soit seulement 1 % du parc locatif bruxellois, cette proportion peut atteindre 20 à 30 % dans les quartiers plus touristiques, comme le centre-ville de Bruxelles. Du coup, les prix montent en flèche et les habitants sont donc progressivement chassés de leur quartier.
Une réglementation inadaptée
Le chercheur déplore aussi une réglementation inadaptée ou, à tout le moins, trop peu stricte que pour pouvoir inverser cette tendance. De son côté, le géant américain ne s’attarde pas à vérifier si la législation locale est bien respectée, d’autant que ces annonces ne révèlent pas forcément l’identité du propriétaire, ni l’adresse exacte du bien. Impossible pour les autorités d’accéder à ces données et donc de lancer une chasse aux biens qui sont mis en location touristique sans respecter les maigres règles en vigueur. Une situation qui, on s’en doute, arrange bien AirBNB mais aussi les hébergeurs, particuliers comme professionnels, qui profitent de ce flou juridique.
Pour Hugo Périlleux, si les autorités publiques veulent parvenir à endiguer la crise actuelle, celles-ci doivent impérativement agir afin de freiner l’envolée des prix en mettant en œuvre un cadre réglementaire adapté et plus strict. Cela impliquerait que différents niveaux de pouvoir collaborent (communal, régional et européen) mais, jusqu’à présent, aucune initiative les réunissant n’a eu lieu. Ce n’est donc pas demain qu’on verra une réglementation freinant les ardeurs des hébergeurs et d’AirBNB voir le jour…