Depuis trois ans, la construction accumule les chiffres ternes, et 2026 ne devrait pas vraiment changer la donne. Les signaux positifs existent, certes, mais la machine reste grippée.

Comme le résume Niko Demeester, CEO d’Embuild, dans les colonnes du Soir : « Lentement mais sûrement, on assiste à une dégradation structurelle et profonde du secteur ». Entre un logement neuf en pleine récession et des infrastructures qui sortent d’un « cycle électoral » dopé (avant les élections, les chantiers de travaux publics explosent !), la dynamique générale reste fragile. Même les créations d’entreprises ont reculé, une première en 2025.
Coûts, taux, incertitudes : les freins s’accumulent
Le poids des coûts élevés
Matériaux, salaires indexés, normes techniques… Les prix se sont stabilisés, oui, mais à des niveaux élevés. Un retour en arrière n’est pas au programme, ce qui n’aide pas à relancer les chantiers en sommeil.
Les taux d’intérêt refroidissent la demande
Autour de 3,5 %, le taux actuel n’a rien d’exceptionnel historiquement. Mais après dix ans de quasi-gratuité, le choc est réel pour les ménages. « Cela pèse sur le budget de ceux qui doivent emprunter aujourd’hui », rappelle Niko Demeester (Embuild).
Des investisseurs peu pressés de revenir
L’immobilier neuf, autrefois valeur refuge, peine à retrouver ses lettres de noblesse. Cela fait quelques années que ce secteur est à la peine, ce que l’on comprend aisément en lorgnant sur les récents chiffres de Fednot : en moyenne, en 2025, un appartement neuf demandait un supplément de 90.000 euros !
Les permis, éternelle pierre dans la chaussure
Et puis, il y a bien entendu le problème des permis… En 2025, la Belgique a enregistré son plus faible nombre de permis depuis 1998. Obtenir l’autorisation pour un immeuble peut prendre « 20 à 30 mois, voire cinq à sept ans » en cas de recours (Embuild).
2026 : un frémissement, mais pas de révolution
Embuild prévoit une micro-reprise de +0,2 %. Rien qui bousculera les courbes, mais assez pour espérer que « le pire soit derrière nous ». Le logement neuf resterait négatif, autour de –3,1 %, ce qui seait moins sévère que ces dernières années.
Le secteur appelle toutefois à une action politique plus musclée : accélérer les permis, stabiliser le cadre fiscal, garantir un environnement moins anxiogène pour les ménages comme pour les promoteurs. L’enjeu dépasse les chiffres : il s’agit aussi de l’accès au logement, devenu un défi même pour des couples à double revenu.